mercredi 30 octobre 2013

Poker en ligne, délinquance et déviance

La délinquance se définit comme étant l'ensemble des infractions et délits commis considérés comme déviants vis à vis de la loi et réprimés par l'application de sanctions formelles négatives. 
Avant 2010, l'année de la création de la loi qui régule le poker en ligne, ce dernier était considéré comme un acte déviant. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, or ce n''est pas parce qu'il a été légalisé que ce jeu de stratégie ne fait pas l'objet de jugements négatifs. 

La déviance désigne toutes sortes de comportements qui échappent aux règles admises par la société. Ces conduites peuvent entraîner l’expulsion du groupe social et conduit donc à la marginalisation. La déviance n’existe pas en soi mais elle dépend de la réaction de la société dans laquelle l'individu vit, vis à vis de la transgression d'une norme sociale. Cependant on ne naît pas déviant mais on le devient au cours de sa vie.

Certains individus peuvent être touchés par la déviance, qu'elle soit voulue ou non. 

Dans le cas des joueurs de poker en ligne, on peut dire qu'il est ambigu de savoir si ce sont des personnes déviantes ou non. En effet, les personnes addictes ont respecté les normes avant de commencer à jouer, ils sont conscients que ces normes existent mais l'addiction passe devant ces normes. Par exemple, la norme qui consiste à respecter ses parents est mise de côté chez les joueurs pathologiques. Ces derniers deviennent violents et renfermés. Ils peuvent donc être considérés comme déviants.


D'après Robert King Merton, sociologue américan, il existe quatre types de comportements individuels qui correspondent à différentes formes de déviance :

– l’innovateur : il adhère aux valeurs mais ne détient pas les moyens légitimes d'y accéder, il utilise des moyens illégitimes;
– le ritualiste ou l’hyper conformiste applique aveuglement les règles prescrites par la société sans se soucier de leur adaptation aux buts poursuivis;
– l’évadé refuse les valeurs communes mais sans contestation, il s'exclue volontairement, ne pouvant atteindre les objectifs ni par les moyens légitimes, ni par les moyens illégitimes;
– le rebel cherche à imposer un nouvel ordre social en rejetant les valeurs en vigueur que ce soit par des moyens légitimes ou illégitimes. La rébellion engendre des ruptures souvent favorables au changement social.
Les joueurs de poker en ligne peuvent être classés dans les "innovateurs" car en effet, n'arrivant pas à gagner de l'argent par d'autres moyens, ces derniers utilisent le poker en ligne qui est considéré comme un moyen illégitime.

La déviance peut également s'expliquer par l'anomie. 

Emile Durkheim, sociologue et philosophe français s'est également intéressé à ce concept de déviance et plus précisément aux comportements déviants au sein de la société actuelle. Il fait le lien entre les nouvelles formes de déviance et la solidarité organique, où la cohésion sociale est fondée sur l’interdépendance des individus entre eux due à la division du travail.
Dès lors, les individus se retrouvent "perdus" à cause des changement des règles sociales qui guident leur conduite. C'est donc ce qu'il appelle "l'anomie". 
Effectivement, en commençant à jouer au poker en ligne, les repères de l'individu vont se modifier, le contrôle social ne sera plus le même car devenant addicte, il n’écoutera plus ce que son entourage lui dira et se fiera désormais aux règles présentes dans le poker en ligne, et à ce que les personnes jouant comme lui lui inculqueront comme normes et valeurs. 


mercredi 16 octobre 2013

Témoignage d'un ancien addicte...

"Tout a débuté il y a 4 ans. Je me suis essayé au poker, sans conviction, car un ami gagnait ainsi pas mal d’argent. Puis j’ai commencé à bien connaître les règles et à jouer quelques cents (on joue en dollars sur les sites illégaux). Ensuite, tout est allé très vite : en quelques mois, je jouais 200 à 300 euros par jour, soit 3 à 4 fois mon salaire tous les mois. Mais ce n’était pas grave pour moi : dès que je gagnais, je me disais que je pouvais remporter bien plus si je jouais plus. C’est devenu une obsession, je ne rentrais chez moi que pour jouer. Même au bureau, je lançais l’application poker dès que j’avais 5 minutes, quand j’étais au téléphone, etc. Je ne mangeais presque plus, ne dormais quasiment plus… J’étais constamment fatigué.

J’ai encore franchi un cap supplémentaire il y a 2 ans, en cumulant poker et paris sportifs. Pourquoi ? Pour m’amuser, mais surtout par appât du gain… La perspective d’argent facile, toujours ! Il m’arrivait de perdre beaucoup, alors je ne pensais qu’à me refaire. Et dès que je gagnais (jusqu’à 6000 dollars parfois), je visais plus haut. Sauf qu’autour des plus grosses tables, il y a de meilleurs joueurs. Quand l’on s’en rend compte, c’est déjà trop tard, on a tout perdu. Mais ce n’est pas grave, on continue. Cet argent que l’on perd, il semble comme virtuel. Le premier crédit que j’ai fait pour renflouer mes comptes aussi m’a paru virtuel. C’était avant le second, celui qui était censé « éponger » le premier… Bref, j’ai « perdu les pédales » pendant deux ans. Je me suis coupé de mes amis, de ma famille. Quand on en vient à oublier l’anniversaire de sa mère parce qu’on joue, c’est que l’on touche le fond.

 Comment j’en suis sorti ? Grâce à des amis qui avaient vu une publicité pour Adictel et qui ont compris que j’étais devenu un joueur compulsif. Je me souviens qu’au début, je pensais qu’ils me taquinaient quand ils me disaient que j'avais un problème avec le jeu. J’ai mis du temps à comprendre qu’ils étaient sérieux. Mais j’ai suivi leurs conseils, j’ai fini par appeler Adictel : c’était pratique, je n’avais pas à affronter quelqu’un en face à face. C’est bête mais c’était important à l’époque, car je n’arrivais même plus à me regarder dans une glace. Là, un psy m’a expliqué que j’étais un joueur addict, qu’il me fallait consulter. Il m’a proposé également de m’interdire l’accès à tous les sites de jeux, à tous les casinos. J'ai dit oui. Et en un clic, il l’a fait.

C’était en mars dernier. Depuis, tout est verrouillé, je ne peux plus jouer. Je le sais, j’ai tenté de me réinscrire. Parce que bien entendu, c’est dur. J’ai souvent envie de jouer et j’ai dû me défaire de tout ce qui me rappelait le jeu. Je vois un psy tous les samedis matins pour comprendre comment j’en suis arrivé là. Car si j’ai toujours été un peu joueur, jamais je n’aurais cru devenir à ce point dépendant. Le psy m’aide mais je pense que si je n’avais pas été interdit de jeux, je n’aurais pas pu arrêter tout seul. Jouer m’était devenu simplement indispensable. 

 Aujourd’hui, je me reconstruis. Comme j’ai perdu énormément d’argent, je travaille tous les jours pour rembourser mes dettes. Et je m’efforce de reconquérir les proches que j’ai perdus au cours des deux dernières années. Pour l’instant, je n’ai pas vraiment d’avenir, ça viendra dans quelques années, quand j’aurai réparé mes erreurs. Mais une chose est sûre : si on ne m’avait pas aidé, je n’aurais plus rien aujourd’hui."

mardi 15 octobre 2013

Témoignage d'un addicte...

"J'ai commencé à jouer au poker en ligne il y a maintenant deux ans, après avoir vu des offres sur Internet permettant de débuter sans investir de sa propre poche. J'ai réussi à gagner quelques dollars, puis je me suis "pris au jeu" et j'ai décidé de m'y mettre sérieusement. J'ai beaucoup lu, étudié les probabilités, déniché certains logiciels. J'avais la chance de connaître un autre pro qui m'a initié.

 Internet me permet d'affronter un grand volume de joueurs (je joue sur jusqu'à 16 tables en même temps) d'un niveau inférieur au mien. Aujourd'hui, je joue quotidiennement 2 à 3 heures par jour, cela me permet de m'assurer un revenu mensuel à 4 ou 5 chiffres, même si certains mois je perds un peu d'argent.

 Evidemment je ne travaille plus, ma vie est devenue facile. Je ne suis bien sûr pas imposable, car jusqu'ici un vide juridique existe concernant ce genre d'activités, je pourrai même réclamer le RMI.

 Je n'ai aucune crainte de tout perdre. Mes mises sont mathématiquement calculées, les risques infimes en regard du montant de ma banque. Les gros joueurs comme moi sont même sponsorisés par certains sites (puisque la rémunération des sites se fait au nombre de mains jouées), en cas de perte ponctuelle due à un coup de malchance (on peut parler de chance sur une seule main), le site me remboursera. Ce n'est pas une activité à la portée du premier venu, mais avec un minimum de mental il est impossible de se faire prendre au piège : il suffit de se fixer des limites et de s'y tenir."

lundi 14 octobre 2013

Conclusion

Nous pouvons donc conclure que malgré le fait que le poker en ligne connaisse un certain ralentissement, il a encore un poids important dans l'économie des jeux de hasard en ligne. Ce poids est notamment expliqué par le fait que ce jeu rend particulièrement addicte de nombreuses personnes qui commencent à jouer. Ceci s'explique principalement par le circuit de la dépendance qui se situe dans le cerveau mais également par la dopamine que ce dernier produit. Mais il faut aussi savoir que les sites de poker mettent en place de nombreuses stratégies, par exemple les publicités, pour attirer de nouveaux joueurs. Mais n'oublions pas que l'addition au poker en ligne a aussi de nombreuses conséquences sociales sur l'individu accro. En effet, il peut connaitre un renfermement sur lui-même, la solitude et parfois même la violence accompagnée de graves problèmes économiques. Ceci peut même conduire l'individu a avoir un comportement jugé déviant et à une exclusion de la société. Le poker en ligne n'est malheureusement pas le seul jeu de hasard qui engendre tous ces problèmes et il serait urgent de surveiller plus efficacement ces jeux afin d'éviter les désastres de l'addition des jeux en ligne.